Cette œuvre est peinte sur un panneau de feuillu homogène de couleur claire composé de deux planches à fil vertical. Le revers a reçu un enduit aujourd’hui lacunaire.
L’œuvre est structurellement instable. Après dégagement des mastics et vérification de l’adhésion de la couche picturale, il sera nécessaire de déposer les traverses pour stabiliser le joint et les fentes.
Le panneau est enduit d’une couche épaisse de préparation. La réflectographie infrarouge dévoile la présence d’un dessin préparatoire. Celui-ci semble avoir été exécuté au pinceau.
La couche picturale présente toutes les caractéristiques d’une peinture à la détrempe : aspect satiné, matière appliquée en demi-pâte en fines touches juxtaposées, faïençage de la craquelure.
La couche picturale, de manière générale, est travaillée avec une matière fine ; des accents de lumière sont visibles au niveau de la veste de l’Enfant et du voile de la Vierge.
En ce qui concerne la chronologie de la création de l’image, nous pouvons discerner les étapes suivantes :
- Suite à la mise en place de la composition avec le dessin, des incisions sont pratiquées dans la préparation pour délimiter les auréoles des personnages, qui sont réalisées à l’aide d’un compas dont on retrouve la perforation de la pointe de l’outil. Nous retrouvons également une incision rectiligne pour figurer la croix de saint Jean-Baptiste (visible en lumière rasante).
- Ensuite, la dorure est appliquée au niveau des auréoles. La technique utilisée ici est une dorure à l’eau: la feuille d’or est appliquée sur une assiette rouge humidifiée. L’or est ensuite bruni pour le rendre lisse et brillant. Des poinçons ronds et des incisions rectilignes formant les rayons de l’auréole sont ensuite pratiqués sur la surface dorée.
Les quatre bords de la composition sont lacunaires. Lors d’une restauration, vraisemblablement ancienne car déjà altérée, les bords peints ont été refaits jusqu’aux extrémités du panneau. La différence entre la matière picturale originale et celle de la restauration est perceptible à l’œil nu, observation qui est confirmée par la réflectographie infrarouge, la lumière rasante, la lumière UV et la microscopie.
En périphérie dextre et senestre, au niveau des extrémités de la couche picturale originale, on remarque des soulèvements de la matière sur toute la hauteur de l’œuvre. En outre, des micro-soulèvements généralisés sont visibles sur l’ensemble de la surface, notamment au niveau des crêtes des craquelures d’âges. L’aspect de la surface est très irrégulier, comme nous pouvons le constater en lumière rasante.
La surface de l’œuvre est recouverte d’une épaisse couche de vernis jauni et oxydé, très fluorescente sous UV. Sa fluorescence bleuâtre et par endroit verdâtre suggère l’emploi d’une résine synthétique générale ainsi que d’une résine naturelle appliquée plus localement. L’analyse UV nous permet l’identification des campagnes de réintégration picturale, très étendues sur l’ensemble de la surface. L’aspect rougeâtre des zones retouchées sous lumière ultraviolette suggère l’utilisation d’un matériau à base protéique.
L’ensemble de cette intervention est non seulement débordante sur la couche originelle mais également chromatiquement altérée. Au niveau des auréoles dorées, l’intervention est si épaisse qu’elle occulte la quasi-totalité de ce qu’il reste de dorure originale. Ces campagnes de restauration sont donc un frein à l’appréciation de l’image et même à sa lisibilité.
Durée des travaux : en cours
Montant du marché : 9 440 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée des Beaux-Arts de Tours
MaÎtrise d’œuvre : Elsa Gomez, conservatrice du patrimoine