Un examen par réflectographie infrarouge a permis d’étudier un dessin sous-jacent abondant sur cette œuvre de Henri Lehmann. Réalisé à sec, il montre des traits graphiques et nerveux avec un style vif et expressif. La technique d’élaboration est notamment caractérisée par des hachures brèves. La composition générale semble ensuite avoir été confirmée, puis développée jusque dans les détails par des lavis gris au pinceau, en particulier dans les drapés.
La peinture est exécutée à l’huile en pâte moyennement épaisse. Le fond est réalisé avec une matière plus diluée qui garde une certaine transparence laissant une sous couche rosée apparente.
Le châssis et la toile étaient dans un bon état de conservation. On relevait quelques légères plissures de la toile et des déformations ponctuelles dans l’angle supérieur dextre.
Concernant la couche picturale, plusieurs strates de vernis recouvraient l’œuvre jusqu’aux bords de la composition. Sous ultraviolet, la fluorescence du vernis en surface n’est pas régulière ce qui indique que dans certaines zones (fluorescence très verte) le vernis est très épais et ancien, là où à d’autres endroits (très faible fluorescence), il est très fin et récent, indiquant un probable nettoyage sélectif avec véhiculage de vernis. Le cliché a dévoilé une campagne de repeints, qui apparaît avec une réponse sombre en fluorescence d’ultraviolet. Ils sont récents, situés en surface, et sont posés ponctuellement dans des petites lacunes et sur le bord supérieur senestre.
La surface peinte était affectée par un réseau de craquelures d’âge multidirectionnelles. Des craquelures prématurées s’étaient formées dans les zones contenant du blanc, épaisses et laissant apparaître les couches sous-jacentes. Elles peuvent être liées à des reprises de l’artiste ou être en rapport avec la superposition des couches, sans séchage suffisant du substrat.
L’état de conservation de l’œuvre était satisfaisant. L’état de présentation était quant à lui peu convaincant en raison de l’inégalité et de l’oxydation du vernis, de son encrassement de surface et des repeints désaccordés.
Des tests de solubilité ont été effectués selon la méthode Cremonesi afin de juger de la solubilité des vernis et du rendu esthétique recherché.
Les tests ont concerné plusieurs plages colorées afin de pouvoir apprécier la régularité du nettoyage et sur des zones présentant une épaisseur de vernis différente entre elles.
Une fois le protocole de nettoyage défini, les tests ont pu être agrandis de façon progressive pour s’étendre à la totalité du tableau. Le nettoyage a révélé les contrastes de l’œuvre, assourdis par le jaunissement du vernis. Il a également permis de rétablir une homogénéité optique de la surface.
Les petites lacunes de la couche picturale ont été comblées puis texturées à l’aide d’un mastic pour Modostuc® blanc pour rétablir la continuité du relief de la couche picturale.
Préalablement à la réintégration, une couche intermédiaire a été posée afin d’accueillir la retouche. Une couche de vernis dammar a été appliquée à la brosse plate, permettant une bonne saturation des couleurs.
La retouche a été poursuivie et une réintégration illusionniste a été effectuée dans les lacunes. Concernant les abrasions et certaines craquelures ouvertes, un repiquage très précis en glacis proche de la tonalité locale a été exécuté.
Une protection finale a ensuite été appliquée par pulvérisation. Ce dernier vernissage a eu pour but d’homogénéiser l’ensemble et de protéger la couche colorée.
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