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Musée Condé – Château de Chantilly

Alessandro ALLORI - Un Ange montre à saint François d’Assise le Christ détaché de la croix

Fin du XVIe siècle, Huile sur panneau de peuplier, 142,5 x 117,8 cm


L’histoire de l’œuvre est liée à un évènement important qui s’est déroulé dans la vie de Saint François d’Assise. C’était autour de la fête de la Croix Glorieuse que Saint François eut la vision d’un séraphin ailé et crucifié, et qu’au moment de son extase, les marques de la Passion du Christ sont inscrites dans son corps. Dans l’œuvre d’Allori, nous pouvons identifier les symboles qui représentent ce jour glorieux : la scène se déroule au sanctuaire de l’Alverne ; le Christ mort et saint François d’Assise en extase ; l’ange qui pourrait représenter le Séraphin, la passion à Dieu ; le paysage au dernier plan qui pourrait représenter le Mont Alverne.

Au cours des années 1580, le motif du Christ défunt apparaît fréquemment dans les œuvres d’Allori, période au cours de laquelle il dirige un atelier important après la disparition de Bronzino et de Vasari. Le tableau de Chantilly se distingue par la présence de saint François d’Assise en extase, un thème très répandu chez les artistes de la Contre-Réforme à la fin du XVIe siècle.

L’œuvre est peinte sur un panneau de de bois à fil vertical. La peinture est effectuée à l’huile sur une préparation intermédiaire, certainement de couleur blanche et composée de colle animale et d’une charge minérale, comme il était d’usage à l’époque. La préparation semble avoir été recouverte d’une impression à l’huile de couleur ocre : nous l’observons dans les lacunes de couche picturale, aux abords des joints et des fissures notamment.

La scène est peinte en demi-pâte et en glacis superposés pour réaliser les transitions colorées et les ombres. La surface est ponctuée de rehauts épais pour suggérer les détails clairs et les lumières. Pour certaines zones, l’artiste a pu avoir recours à des sous-couches colorées tel que du rouge sous les plages bleues. De manière générale, les détails et les volumes sont créés avec des superpositions épaisses de matière. La palette est très riche et est constituée de pigments nobles tels que le lapis-lazuli ou les laques rouge et verte, et vraisemblablement un jaune de plomb et d’étain.

Différents types de craquelures ainsi que quelques petites lacunes sont présentes. Quelques zones sont griffées, ce qui a également causé de petites pertes de matière superficielle. Les usures sont en revanche nombreuses. Elles sont notamment causées par un nettoyage ancien abrasif. Ces usures affectent particulièrement le pigment bleu, dont les parties saillantes ont été débarrassées de leur glacis suggérant les ombres. L’appréciation des volumes est donc aujourd’hui difficile.

La surface est de manière générale très encrassée. Le vernis de restauration était oxydé, son apparence était jaunie. La lecture de l’œuvre était entravée par l’abondance de matériaux non-originaux et leur mauvais état de conservation.

Préalablement à la phase de nettoyage, des tests approfondis ont été réalisés pour déterminer les produits nécessaires à l’allégement du vernis ainsi que leur mise en forme. Les tests sont effectués sur plusieurs plages colorées, choisies afin de pouvoir apprécier la régularité du nettoyage sur des zones présentant des situations conservatives différentes, notamment sur les repeints. Après avoir effectué les tests, un mélange de Ligroïne et d’Éthanol a été utilisé pour l’allègement des vernis. Un deuxième passage a été réalisé à l’aide d’un gel basique sur tout le tableau.

Des opérations sur le support ont été réalisées : nettoyage du revers, stabilisation des ouvertures de joint entre le panneau et les agrandissements latéraux, traitement de l’infestation xylophage.

Les lacunes de la couche picturale ont été mastiquées avec un matériau de bouchage vinylique sur lequel la réintégration a pu être apposée. La surface du mastic a été travaillée de manière à imiter la couche colorée adjacente (matière, texture, trame de la toile). Cette phase a permis l’intégration parfaite des lacunes. L’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en retouchant les zones préalablement mastiquées : la solution la plus satisfaisante du point de vue esthétique était une retouche de type illusionniste. Les zones lacunaires ont été restituées au ton avec des glacis.

Un repiquage très précis en glacis légers des lacunes et des usures a été réalisé, permettant une vibration visant à recréer le lien entre les parties présentant un degré d’usure différent.

Un dernier vernissage a eu pour but d’homogénéiser l’ensemble et de protéger la couche colorée sur le long terme des facteurs d’altération environnementaux. Il a également permis d’obtenir un degré de brillance cohérent avec les techniques d’exécution des tableaux de cette époque.


Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 14 718,85 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée Condé – Château de Chantilly
MaÎtrise d’œuvre : Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine et directeur du musée Condé