Ce tableau représente, sur le mode allégorique, l’arrivée du catafalque de Napoléon, recouvert des imperialia, devant l’église du Dôme des Invalides, le 15 décembre 1840.
Le support original de l’œuvre n’est pas celui visible actuellement : l’œuvre a été transposée puis rentoilée, ce qui témoignait de problèmes récurrents d’adhérence de la couche picturale et expliquait son mauvais état de conservation. On a pu remarquer en effet la présence d’une gaze, caractéristique de la technique de transposition.
La couche picturale était marquée par les stigmates de cette intervention drastique, ce qui se traduisait par un écaillage d’une grande partie de la couche picturale, ainsi que des plissures, des gerçures et des lacunes importantes. On a pu noter également la présence d’épaisses couches de vernis oxydés et jaunis, formant des amas brunâtres.
La réflectographie infrarouge a révélé une mise en place très détaillée de l’ensemble de la composition par l’intermédiaire de calques de report. Le tracé est discontinu, très sûr et sans hésitation. Différents calques semblent avoir été utilisés, les dessins se superposant à certains endroits. Chaque élément est précisé en détail : visage, éléments d’architecture, drapés, nuages. Les repentirs sont nombreux. Certains éléments ont été déplacés.
Il paraissait fondamental, à la vue de l’étude préalable, de rétablir l’adhérence de la couche picturale au support afin de garantir la stabilité de l’œuvre et d’en préserver les qualités esthétiques. La toile provisoire, installée pour les effectuer des opérations sur la couche picturale, a été remplacée par une toile de doublage définitive Pattina, en lin.
Des tests de solubilité ainsi que des tests de dégagement des repeints ont été menée afin d’apprécier l’efficacité du nettoyage et la régularité de l’amincissement du vernis. L’objectif de ces tests était de vérifier la solubilité des réintégrations anciennes et la faisabilité d’un allègement satisfaisant et régulier, y compris dans les zones de repeints.
Des gels de solvants ont été sélectionnés afin d’éviter au maximum la pénétration du solvant dans la couche picturale originale tout en permettant la suppression de tous les éléments ajoutés, vernis, repeints débordants et mastics débordants. Le gel a présenté d’autres avantages : une action contrôlée, une action plus efficace ainsi qu’une moindre action mécanique sur la couche picturale. L’amincissement du vernis a été effectué sur l’ensemble de la surface avec un gel de solvants contenant de l’alcool benzylique. Il a été appliqué au pinceau puis rincé avec le mélange ligroïne 90% éthanol 10%, faiblement polaire. La couche picturale des nombreux repeints a été purifiée à l’aide d’un mélange d’ammoniaque et d’éthanol à 40%-60%. Les résidus ponctuels de colle naturelle dans les zones de consolidation ont été nettoyés à l’eau chaude. Une unification a été effectuée à l’aide d’éthanol rincé au white spirit. Enfin, une émulsion aqueuse de tensio-actifs Decon90 a été employée à 30% dans l’eau suivi d’un rinçage à l’eau afin de parfaire le nettoyage. Ce nettoyage a révélé l’éclat de la peinture et a permis de rendre leur lisibilité aux différents détails de la composition. La surface du mastic a ensuite été travaillée pour obtenir un léger relief imitant la texture du support original.
Ensuite, un premier vernissage a été réalisé avant la réintégration chromatique avec la résine Dammar à 33%, choisie pour une saturation correcte de la surface. L’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en retouchant les zones préalablement mastiquées et la lisibilité de l’image a été rétablie en réintégrant les lacunes. Les usures de la couche picturale ont également été atténuées grâce à un repiquage très précis dans ces zones.
Une protection finale a ensuite été appliquée par vaporisation. Un vernis dammar, dilué dans le white spirit à 70%/30%, a été choisi pour obtenir un degré de brillance cohérent avec les techniques d’exécution des tableaux de cette époque. Ce dernier vernissage a eu pour but d’homogénéiser l’ensemble et de protéger la couche colorée.
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Maîtrise d’œuvre :