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Collection privée

Atelier de Léonard DE VINCI - Salvator Mundi

XVIe siècle, Huile sur bois, 68,2 cm x 48,8 cm


Le Salvator Mundi dit « de Ganay », dont l’historique avéré remonte à Anne de Bretagne (épouse de Louis XII), est présenté comme étant une réalisation de « l’atelier de Vinci ». Il est étroitement apparenté à la version dite « Cook » attribuée, selon les experts, à Léonard de Vinci, prototype de multiples versions. Ce motif iconographique, variation du Christ en gloire, a été popularisé au XVe siècle par des peintres italiens de la Renaissance et par des peintres d’Europe du Nord.

L’intervention s’est accompagnée d’une importante étude matérielle, qui a permis de mieux comprendre l’histoire du tableau.

Le cliché infrarouge met en évidence la présence d’un dessin préparatoire réalisé, selon Maurizio Ceracini, au noir de carbone, les microanalyses ayant exclu la présence de noir d’os ou de charbon. Essentiellement utilisé pour mettre en place les contours et la majeure partie des éléments de la composition, le dessin préparatoire est ici de toute évidence un report posé sur la couche de préparation.

L’observation directe du cliché infrarouge met en évidence deux techniques :

  • Un poncif : technique de report effectuée à partir d’un carton préparatoire perforé et posé sur la surface à peindre, sur lequel on tamponne un sachet en toile ou gaze rempli de poudre de charbon. On peut l’observer sur les drapés de la robe et du manteau.
  • Un tracé calqué à la pointe : tracé des traits du visage, des deux mains du Christ et du globe.

Ces deux types de report sont repris par endroit à la main libre, par exemple pour ajuster les traits et les ombres sur le visage. Les reprises sont exécutées probablement avec une plume ou un rameau de roseau et un matériel liquide de type lavis.

A travers les images en infrarouge fausse couleur, nous avons une idée précise des pigments utilisés, ainsi que leur mise en œuvre :

Le manteau bleu du Christ est ainsi réalisé avec un mélange de lapis-lazuli et de blanc plomb, avec des terres naturelles et du noir de carbone pour les ombres et les plis. La robe rouge quant à elle est exécutée avec des glacis en laque rouge (mélange de rouge kermès et madère) sur une sous-couche claire rosée, composée de laque rouge et de blanc de plomb, avec probablement l’emploi des terres pour les plis.

Les carnations sont obtenues avec un mélange de blanc de plomb, de vermillon et un peu de laque rouge, tandis que la chevelure indique la présence d’une couche teintée jaune-orangé (composée de vermillon, de blanc, de jaune de plomb et de terre naturelle), appliquée sur une couche noire et une sous couche organique.

L’ensemble des données d’examen et d’analyse recueillies au cours de l’étude a également permis de mettre en exergue deux interventions précédentes distinctes : le tableau a subi des modifications dans les zones de l’auréole et du globe, alors que le fond sombre a été remanié plusieurs fois.

Réalisé à la suite de tests de solubilité effectués sur les vernis et les repeints, le nettoyage a libéré la surface des matériaux non originaux tout en respectant l’intégrité de l’œuvre. La couche originale s’est révélée, après l’intervention des nettoyages, d’une grande finesse.

L’œuvre se distingue des versions dites « Cook » et « de Naples » par son état de conservation remarquable mais aussi par son format dont les dimensions sont restées intactes. Les réintégrations, un repiquage très précis des usures et des abrasions avec des glacis proches de la tonalité locale, ont permis de redonner son unité au Salvator Mundi.

 


Durée des travaux : 5 mois
Montant du marché : 6 500 € HT
Maîtrise d’ouvrage : Collection particulière
Maîtrise d’œuvre : Collection particulière