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Musée Jacquemart-André

Giambattista TIEPOLO et Henri PARENT - Salle à manger et Escalier d’honneur dit Tiepolo

XVIIIe-XIXe siècle, Peinture à fresque, boiserie, stucs peints, stucs marbre et peinture décorative


La salle à manger mesure 12,2 m de long sur 8,8 m de large. Elle a été conçue pour que la fresque au plafond de Tiepolo soit centrée et a une hauteur sous plafond de 5,9 m. Depuis cette salle, deux portes à deux vantaux donnent accès à l’escalier monumental Tiepolo et au salon de musique.

La salle à manger est habillée de parois lambrissées sur toute leur hauteur. La fresque de Tiepolo, La Renommée, est située au centre d’une composition en staff ornée de feuillages et de quatre médaillons en écoinçons représentant des scènes pastorales, peints en blanc. Le plafond est réalisé « à fresque ». L’enduit serait initialement composé de deux couches : l’arriccio et l’intonaco, toutes les deux composées de sable et de chaux. La première couche n’est probablement pas conservée dans la stratigraphie actuelle en raison de la dépose et de la transposition.

L’exécution peinte s’est déroulée par journée, divisant ainsi la composition en zones de travail. Le relevé précis de celle-ci a permis de mettre en évidence la chronologie de l’exécution picturale. En premier lieu, la balustrade en perspective a été réalisée en partant des 4 côtés suivis des 4 angles. Les personnages ont ensuite été exécutés avant la réalisation du ciel qui vient terminer l’œuvre. Tiepolo préfère généralement commencer par les parties basses avant de remonter dans les parties supérieures des fresques. Certaines délimitations de journées sont parfois peu ou pas discernables car l’artiste joue avec leur superposition dans la composition. La composition est ensuite reportée sur l’enduit au moyen d’incisions directes et indirectes. On peut distinguer ces deux types d’incisions par leur aspect et leur profondeur dans l’enduit.

Des repentirs et de légères modifications sont visibles dès l’étape des incisions, notamment dans la réalisation d’un angle qui pourrait être le premier des quatre. Des corrections de perspective témoignent de la complexité du travail effectué par Il Colonna (quadraturista de Tiepolo). Des repentirs et des modifications ont été effectués par Tiepolo, notamment lors de la seconde phase. De petits ajustements sont visibles en lumière rasante, on relève entre-autres : des reprises ponctuelles dans l’architecture, les mains de la petite fille penchée sur la balustrade, l’aile gauche d’un putto, ou le déplacement de certains cartons dans les visages. Deux plus grands changements sont visibles. Pour les reprendre, l’artiste a découpé les parties dont il souhaitait modifier la composition, afin de réaliser une nouvelle journée de travail : l’ombrelle verte de la jeune femme et le chapeau jaune et vert.

La particularité de la fresque baroque, qu’illustre parfaitement Giambattista Tiepolo, réside dans la texture superficielle de l’enduit et le jeu d’empâtements lors de l’application de la giornata et de la couleur.

L’escalier Tiepolo est entière décoré, il est tournant, à double volée et offre une variété de décors et de matériaux. Les murs de la cage d’escalier et les paillasses sont revêtus de panneaux en stuc-marbre imitant le marbre de Carrare. Des pilastres en bois peints en faux-marbre encadrent les fresques de Tiepolo. L’escalier lui-même est constitué de deux limons en bois peint en faux-marbre. Une double plinthe met en valeur le rez-de-jardin, réalisée en marbre de Carrare et en marbre de Rance de Belgique. Ces différents marbres sont utilisés pour embellir les ouvertures et les miroirs, créant des chambranles et des cadres décoratifs. Le niveau supérieur est orné d’une unique plinthe en marbre de Rance de Belgique. Les deux niveaux sont couronnés d’une corniche blanche aux moulures simples. Une fresque de Tiepolo, La Réception d’Henri III à la villa Contarini, orne le mur.


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