Cette œuvre attribuée à Mattia Preti, représente Saint Paul assis, vêtu d’une robe noire ; il est accompagné de Saint Antoine, assis également.
La palette est relativement caractéristique de Mattia Preti, qui joue dans sa composition avec une lumière extérieure transversale éclairant subitement les personnages plongés dans une demi-obscurité. Alors que les fonds sont brossés avec une matière fluide et fine, les personnages et les détails sont eux réalisés avec une matière onctueuse.
La couche picturale était couverte d’un important amas de poussière. Des frottements du cadre ont provoqué une abrasion superficielle et, ponctuellement, des microlacunes.
La couche picturale présentait un réseau de craquelures à structure pavimenteuse, qui laissait apparaître la couche de préparation sous-jacente. A cela, s’ajoutait un léger épidermage qui correspondait à l’usure des points les plus en relief du support, situés à l’entrecroisement des fils de chaîne et de trame. Cette structure pavimenteuse s’était également étendue aux couches de vernis qui présentaient, elles-aussi, un réseau de craquelures. Cette altération a été provoquée par le tissage lâche de la toile.
L’état d’adhésion de la couche picturale sur le support semblait correct mais, néanmoins, il a été nécessaire de vérifier sa stabilité lors de la restauration.
L’épaisseur des différentes strates de vernis semblait particulièrement conséquente. Les résines successives qui ont été appliquées étaient oxydées ; elles présentaient des colorations jaunes plutôt importantes. On a observé des amas, des coulures, des surépaisseurs liés aux mauvaises applications de vernis. De plus, les zones sombres présentaient une épaisseur de vernis supérieure aux zones claires.
On a également pu observer au moins trois campagnes de repeints qui apparaissaient plus ou moins noires sur les clichés ultraviolets.
Toutes ces altérations conféraient à l’œuvre un aspect discordant et chaotique, empêchant la bonne lisibilité.
En premier lieu, un dépoussiérage du revers a été réalisé.
Une phase de tests a mis en lumière la nécessité d’un dévernissage complet des résines anciennes et l’élimination des anciens repeints. Ces tests ont concerné différentes plages colorées afin d’appréhender la possibilité d’un dévernissage complet sur des zones d’épaisseurs de vernis différentes. Les tests ont également permis de définir la solubilité des repeints. Ainsi, un mélange Ligroïne/Ethanol 30/70 (LE7) a été choisi pour le dévernissage. Ce nettoyage a permis de distinguer les drapés, de retrouver la cohérence des carnations et de donner toute la profondeur recherchée par le clair/obscur de la composition.
L’œuvre a ensuite été vernie, avant la réintégration, avec une résine naturelle Dammar à 33% dans le White Spirit appliquée au spalter. Cette résine joue à la fois un rôle de couche protectrice et permet aussi de saturer les couleurs.
Les mastics anciens ont été conservés. Certains ont été remis à niveau et restructurés pour imiter la matière avoisinante, notamment la toile. En ce qui concerne la réintégration, le choix s’est porté sur une réintégration illusionniste qui semblait la plus appropriée pour cette œuvre. La couche colorée originale a ainsi été mise en valeur grâce à la réintégration légère.
Durée des travaux : 15 mois
Montant du marché : 10 400 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Ville d’Orléans
MaÎtrise d’œuvre : Musée des Beaux-Arts d’Orléans – Olivia Voisin