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Musée Condé – Château de Chantilly

Corneille DE LYON (attribué à) - Portrait présumé de Gabrielle de Rochechouart, dit autrefois Portrait de Marguerite de France

XVIe siècle, Huile sur panneau, 17,5 x 14,8 cm


Le panneau a été enduit d’une préparation de couleur claire. Elle était visible sur les bords et dans les usures et les lacunes de couche picturale, révélées lors du nettoyage de l’oeuvre. Le portrait est peint en fins glacis permettant de subtiles transitions colorées, et est ponctué de rehauts pour les détails notamment des bijoux ou de la coiffe. Le fond vert est obtenu par l’application d’une glaçure de laque verte sur une sous-couche également verte. Les effets de matière sont très réalistes et d’une grande finesse. Leur vraisemblance réside dans l’utilisation pertinente du médium à l’huile avec toute la gamme d’effets qu’il peut offrir : travail en transparence ou en opacité, superposition des couleurs en glacis, fondu des tons. L’emploi de toutes ces techniques témoigne de la virtuosité de l’artiste et de sa connaissance de la matière.

La palette est plutôt riche, et les mélanges réduits au strict minium, de manière à conserver l’éclat de chaque pigment appliqué presque pur. Cette palette correspond aux standards de l’époque du XVIe siècle.

La peinture était stable : ni soulèvements ni lacunes importantes, seulement quelques petites aspérités de surface. Un réseau de craquelures d’âge était présent sur l’ensemble, dans le sens horizontal, correspondant au sens du fil du bois. Des résidus de matériaux exogènes oxydés comme des résines étaient présents dans les aspérités de la matière picturale. Ceux-ci entravaient la bonne appréciation de l’œuvre.

L’application du vernis est irrégulière : des zones circonscrites en sont dépourvues et d’autres présentent d’importantes surépaisseurs. Cela intensifie l’impression d’hétérogénéité de la surface. Ce vernis de surface était très oxydé, son apparence était jaunie. Il occultait les couleurs originales, affectant en particulier les plages claires comme les carnations. Quelques repeints ponctuels modernes étaient visibles sous UV mais aussi en lumière directe tant ils étaient discordants.

L’oeuvre était empoussiérée et encrassée.

La lecture de l’œuvre est donc entravée par la présence de matériaux non-originaux altérés et notamment ce vernis très jaune et hétérogène.

Des tests ont été réalisés et étendus à l’ensemble de la composition. Le nettoyage a permis de retrouver les volumes et les couleurs qui étaient assez troublés. Les micro-lacunes ont été mastiquées avec un matériau de bouchage vinylique blanc, sur lequel la réintégration a pu être apposée. L’intégrité visuelle de l’oeuvre a été restituée en réintégrant de façon illusionniste. Les lacunes et les usures ont été restituées au ton avec des repiquages très précis en glacis proche de la tonalité locale. La réintégration a été effectuée.


Durée des travaux : 2 mois 
Montant du marché : 2 265€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée Condé – Château de Chantilly
MaÎtrise d’œuvre : Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine et directeur du musée Condé

Avant restauration / ©ArcanesAprès restauration / ©Arcanes