La peinture est effectuée à l’huile sur une préparation intermédiaire. Le portrait est peint en glacis et est ponctué de fins rehauts pour les détails. Le fond vert est obtenu par l’application d’une glaçure de laque verte sur une sous-couche également verte. La palette est plutôt riche, et les mélanges réduits au strict minimum, de manière à conserver l’éclat de chaque pigment appliqué presque pur. Cette palette correspond aux standards de l’époque du XVIe siècle.
La réflectographie nous permet d’observer le dessin préparatoire réalisé avec des matériaux à base de carbone. Plusieurs procédés ont été employés pour la mise en œuvre de la composition :
- Le visage semble avoir été réalisé avec une pointe sèche, à main levée
- Les mains semblent avoir été réalisées également avec une pointe sèche. Le tracé pourrait avoir été effectué suite à un poncif : quelques petits points plus pigmentés sont visibles au niveau des tracés.
En outre, il semble y avoir dans cette zone un repentir de composition, car nous observons sur la réflectographie infrarouge des tracés qui pourraient correspondre à un objet que tient la main droite du personnage, et qui n’apparaissent pas dans la version peinte. De même, il semble que l’artiste ait placé des éléments de dentelle au niveau de la manche droite de l’homme, qui n’apparaissent plus sur la version finale.
La surface de l’œuvre est recouverte d’une épaisse couche de vernis jaune et oxydé, très fluorescente sous UV. Sa fluorescence plutôt bleuâtre pourrait suggérer une résine synthétique. En partie haute, l’image ultraviolette montre une légère fluorescence plutôt verdâtre, ce qui pourrait indiquer la présence également d’une couche de vernis naturel sous-jacente.
Quelques repeints ponctuels modernes sont visibles sous UV mais aussi en lumière directe tant ils sont discordants. Ces repeints, bien que peu abondants, sont larges et de forme circulaire. Ils pourraient donc recouvrir des lacunes de couche picturale liées à des chocs par la face.
La lecture de l’œuvre est entravée par la présence de matériaux non-originaux altérés et notamment ces résines très oxydées.
Les accumulations de matériaux non-originaux sur la surface se traduisent par une perte des qualités esthétiques. Il paraît donc souhaitable de libérer, le plus possible, la surface des interventions antérieures, désormais altérées et désaccordées chromatiquement.
Support et couche picturale ont été concernés par la restauration. Une révision du maintien dans le cadre a été réalisée. L’intervention de nettoyage de la couche picturale a fait l’objet de tests pour sélectionner la méthode la plus respectueuse del ‘oeuvre tout en étant efficace sur les matériaux non-originaux. Plusieurs plages colorées ont fait l’objet de tests, afin de pouvoir apprécier la régularité du nettoyage et notamment sur des zones présentant des repeints. Sur le fond vert, le test de nettoyage a consisté à retirer la couche de repeint et résine oxydée au scalpel. Le nettoyage s’est effectué de façon très progressive, en plusieurs phases, de façon à retirer les couches de vernis et repeints selon les souhaits des responsables de l’oeuvre. Après un masticage des micro-lacunes, l’intégrité visuelle de l’oeuvre a été restituée en réintégrant de façon illusionniste. Les lacunes et les usures ont été restituées au ton avec des repiquages très précis en glacis proche de la tonalité locale.
Durée des travaux : 6 mois
Montant du marché : 2 570€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée des Beaux-Arts de Tours
MaÎtrise d’œuvre : Elsa Gomez, conservatrice du patrimoine