Traductions en cours

Musée Condé – Château de Chantilly

François CLOUET - Odet de Coligny, cardinal de Chatillon

Début du XVIe siècle, Huile sur panneau, 32,9 x 23 x 0,5 cm


Il s’agit de l’un des nombreux portraits d’Odet de Coligny peints par François Clouet au cours de sa carrière ; le modèle est déjà ridé, mais la composition semble simplement reprise d’un précédent portrait peint, lui-même repris d’un portrait dessiné conservé au musée Condé.

L’œuvre est peinte sur un panneau de chêne.

On note la présence d’agrandissement en partie supérieure et inférieure placés dans le même sens du fil du bois que le panneau. Sur la face peinte, l’inscription placée en partie inférieure est à cheval sur le panneau original et les agrandissements postérieurs.

L’œuvre était stable et le support en bon état de conservation.

La peinture est effectuée à l’huile sur une préparation claire appliquée sur toute la surface du panneau. Il semblerait qu’une couche d’impression huileuse a ensuite été appliquée à la brosse : de fines stries, visibles en lumière rasante sur la surface, pourraient témoigner de cette technique.

Du point de vue technique, la couche picturale se caractérise par une matière fine et translucide, dont le modelé est estompé. Les légers rehauts lumineux sont concentrés sur le visage (pommettes, arête du nez, front) et sur les plis du vêtement. Très peu d’usures et aucune lacune n’étaient observables.

La couche picturale présentait un bon état de conservation.

L’œuvre semblait en revanche avoir subi un nettoyage qui a aminci les couleurs originales.

La surface peinte était protégée par un épais vernis oxydé, dont la teinte jaune altère la perception des couleurs et l’effet de profondeur de la composition. Le vernis possède une fluorescence verdâtre sous lumière ultra-violette, ce qui signale une résine naturelle. Il s’agit d’un vernis de restauration. Des repeints ponctuels sont visibles sous UV. Certains sont placés au-dessus du vernis de surface et apparaissent noirs ; d’autres repeints sont plus profonds dans la stratigraphie et apparaissent aves une réponse plus sourde sous UV.

Un dépoussiérage minutieux a été effectué sur l’ensemble du panneau (face et revers). Une opération de décrassage a également permis d’enlever les particules de crasse adhérentes à la surface de l’œuvre et d’avoir un meilleur accès au vernis et aux repeints. En prévision d’un allègement du vernis, des tests de solubilité ont été effectués afin de juger de la solubilité des vernis et du rendu esthétique recherché. Les tests ont permis de sélectionner le mélange adéquat pour le retrait des couches de vernis et les repeints. Ce nettoyage a également éliminé des petits dépôts bruns accumulés dans les creux de la surface peinte. Il a par ailleurs révélé la qualité et la finesse d’exécution du tableau.

Suite à ces opérations et l’application d’un vernis pour recevoir la retouche, les petites lacunes de la couche picturale ont été mastiquées avec un matériau de bouchage vinylique blanc. L’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en retouchant de façon illusionniste les lacunes préalablement mastiquées. Elles ont été restituées au ton avec des repiquage très précis en glacis proche de la tonalité locale.

Enfin, un dernier vernis de protection, fin, a été appliqué par pulvérisation et a unifié l’aspect de la peinture en lui conférant une surface satinée qui met en valeur toute la finesse et l’éclat de la matière originelle.

Ce tableau, restauré grâce au mécénat de la Fondation La Marck, est actuellement présenté dans le cadre de la très belle exposition « Visages des guerres de Religion » au Château de Chantilly jusqu’au 21 mai 2023.


Durée des travaux :  1 mois
Montant du marché : 2 130€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Institut de France Domaine de Chantilly – Fondation d’Aumale
MaÎtrise d’œuvre : Mathieu Deldicque