S’agissant d’un don ayant rejoint les collections du Musée des Beaux-Arts d’Orléans en 1851, cette œuvre serait un morceau de réception non présenté par Jean BARDIN et exécuté vers 1782. Le sujet est inventorié dans la base Joconde comme « Mars sortant des bras de Vénus pour aller à Troie ». Des esquisses et des variantes d’atelier seraient également conservées. Mars se trouve debout, casqué, drapé de sa seule cape rouge; il fait signe à Vénus qu’il doit partir à la guerre. A senestre, le génie de la guerre, casqué et ailé, donne à Mars son baudrier et son épée. Vénus est assise sur un char à dextre, un pan de drapé blanc couvre légèrement sa nudité. A l’arrière-plan, un amour s’envole.
La couche colorée, de nature huileuse, a été appliquée sur une préparation rougeâtre. Les drapés et les motifs de l’arrière-plan sont en demi-pâte alors que les carnations sont effectuées avec de fins glacis successifs. De légers empâtements ont été utilisés pour les rehauts de lumière. La palette est riche et variée sur l’ensemble de l’œuvre.
Une couche de vernis très altérée recouvrait l’ensemble de la surface devenue jaunâtre et assombrie en raison de l’oxydation naturelle du film résineux. L’observation de l’œuvre sous ultraviolets a permis de mettre en évidence l’hétérogénéité de cette couche, due à un nettoyage sélectif ancien et des défauts d’application importants : coulures, surépaisseurs, traces de spalter…Une résine triterpénique (de type mastic ou dammar) est caractérisée par sa fluorescence verte laiteuse.
D’importantes campagnes de réintégrations ont été effectuées par le passé sur l’œuvre. Aux ultraviolets, on distinguait deux ou trois campagnes, situées à différents niveaux de la stratigraphie. Ces retouches conféraient à l’œuvre un aspect chaotique en raison de leur discordance chromatique. Posées sur des mastics non structurés, elles étaient également débordantes sur le pourtour des lacunes qu’elles recouvraient. L’observation sous ultraviolets a également permis de remarquer la présence de glacis de réintégration sur certaines zones notamment de l’arrière-plan.
Étant donné les difficultés de lecture engendrées par les couches de vernis et de repeints, un nettoyage des matériaux de restauration a été effectué afin de retrouver l’harmonie chromatique et la finesse de cette peinture.
Dans un premier temps, les tests de nettoyage ont concerné plusieurs plages colorées afin de pouvoir apprécier au mieux la régularité de l’amincissement sur des zones présentant des épaisseurs de vernis différentes entre elles. Le mélange sélectionné a été une solution de Ligroïne et d’Ethanol dans des proportions de 40/60 (LE4). Ce mélange a ainsi permis de solubiliser la résine et d’obtenir un dévernissage régulier sur l’ensemble de la surface. Une partie des repeints ont ainsi été éliminés lors de cette opération. Dans un second temps, les repeints ont été éliminés localement grâce à l’utilisation d’un gel basique de pH 8,5 à base d’Alcool Benzylique, de Pemulen/TEA et d’eau. Ce gel a ensuite été rincé avec de l’éthanol. Enfin, les mastics anciens altérés, débordants ou en surépaisseur ont été éliminés ou ajustés.
Suite à ce nettoyage, un premier vernis à base de résine dammar a été appliqué sur la surface. Ce vernis a permis de saturer les couleurs de manière à procéder au masticage, à la réintégration des lacunes et des usures de l’œuvre. Les lacunes, préalablement mastiquées et structurées avec du Modostuc blanc©, ainsi que les usures, ont été réintégrées et repiquées de manière illusionniste avec la gamme de couleurs Maïmeri restauro (adaptées à la situation et à la surface).
Pour finir, un vernis Dammar a été pulvérisé pour homogénéiser la surface notamment sa brillance.
Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 13 900 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Ville d’Orléans
MaÎtrise d’œuvre : Musée des Beaux Arts d’Orléans – Olivia Voisin