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Château de Versailles

Nöel COYPEL - Les Nymphes présentant une corne d’abondance à Amalthée

Fin du XVIIe - début du XVIIIe siècle, Huile sur toile, 105,5 x 208,5 cm


Le support de l’oeuvre présentait un état de conservation moyen : même si l’ensemble était relativement stable en l’état, la facture sommaire du châssis et ses défauts intrinsèques constituaient un risque de dégradation pour l’œuvre, à moyen terme.

Les altérations constatées sur le châssis sont les suivantes :

  • Galeries d’insectes xylophages visibles principalement sur les traverses du châssis, cause de l’aspect lacunaire et usé des coins
  • Assemblage supérieur senestre ouvert
  • Éclats, fissures, usures, ainsi que deux trous sur la traverse supérieure liées à un ancien système d’accrochage sur le bois
  • Empoussièrement général important

Les altérations constatées sur la toile sont les suivantes :

  • Semences perdues ce qui contribue au défaut de tension de la toile
  • Perforations aux extrémités de la toile liées à d’anciennes semences aujourd’hui perdues
  • Bords de tension de la toile déchirés au niveau des coins
  • Traces brunes au revers de la toile, résidus de vernis de restauration oxydé
  • Projections de peinture blanche et d’enduit
  • Déformations localisées liées à des chocs
  • Toile empoussiérée

La couche colorée a été appliquée sur une double préparation : une couche fine rouge et une plus épaisse de couleur rosée. Les doubles préparations sont très répandues dans les peintures de l’école française du XVIIe-XVIIIe siècle.

La réflectographie infrarouge a dévoilé de nombreux repentirs de la composition peinte. Ces repentirs correspondent à des éléments dont les contours sont placés à la peinture noire, ils sont parfois peints en entier avant d’être recouverts. Certains sont même visibles en lumière directe, comme le bras tendu de la nymphe côté senestre.

La couche picturale est de nature huileuse. Elle est exécutée en demi-pâte, sans glacis, avec des modulations de couleur dans le frais. Certaines zones sont légèrement laissées en réserve (notamment au niveau des arbres du fond), tandis que des empâtements en reliefs avec des coups de pinceau visibles sont présents au niveau des feuillages et sur les carnations.

La couche picturale présentait des altérations naturelles d’ordre mécanique : réseaux de craquelures et micro-lacunes et usures. Mais également d’ordre visuel : hétérogénéité du vernis ; aspect jaune de la surface ; fibre de tissu adhérente au vernis ; grains bruns ; repeints épais et désaccordés.

Préalablement à toute intervention sur le support, le revers de l’œuvre a été dépoussiéré. Des opérations ont été réalisées sur le châssis : limage des faces internes, consolidation du bois, création d’un chanfrein sur les bords internes du châssis, consolidation des fissures et des lacunes du bois avec résine.

La toile a ensuite été remontée en utilisant les perforations et semences existantes.

En parallèle, des opérations sur la toile ont été effectuées. Des bandes de tension ont été posées, la toile a ainsi pu être remise en tension sur un bâti provisoire de travail à l’aide d’un système élastique. Grâce à ce système, une tension continue a pu être assurée et autorégulée permettant de résorber les différentes déformations. La toile a ensuite été consolidée et le support a été stabilisé durablement. Des incrustations ont été posées dans les perforations et les lacunes de toile des bords.

Concernant la couche picturale, des tests préalables ont été conduits afin de sélectionner le système de nettoyage le plus adéquat. Les lacunes affectant la couche picturale ont été comblées. Une réintégration illusionniste a semblé être le choix le plus adapté, au vue de la faible étendue des lacunes et des usures, et de la valeur esthétique importante de l’œuvre. L’apport du matériel de réintégration a été quantitativement réduit au nécessaire et choisi en fonction de sa stabilité. En ce qui concerne les usures, un repiquage très précis en glacis proche de la tonalité locale mais légèrement plus en transparence a été effectué. Une protection finale a été appliquée pour protéger la réintégration colorée.


Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 7 335€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Château de Versailles
MaÎtrise d’œuvre : Béatrice Sarrazin