Traductions en cours

Château de Versailles

Noël COYPEL - Le Mois de Septembre et Le Mois de Mars

1666-1672 , Huile sur toile, 178 x 117 cm


Les deux œuvres, Le Mois de Septembre et Le Mois de Mars, exécutées par Noël Coypel, appartiennent à une même série. Leur création est donc liée, de même que leur histoire matérielle, la technique d’exécution et les altérations sont communes aux deux œuvres.

Le support des deux tableaux est une toile tendue sur un châssis de restauration, à l’origine les toiles étaient de forme ovale. La transformation du format est postérieure à 1824, date à laquelle les dimensions 135 x 107/102 cm sont décrites dans l’inventaire Blanc (archives du château de Versailles).

Les châssis étaient en bon état de conservation. La tension générale était en revanche à revoir : des déformations étaient présentes sur les deux tableaux, notamment au niveau des angles, où les déformations en vague étaient devenues rigides.

La couche picturale originale, sur le format ovale, est composée de peinture à l’huile appliquée sur une préparation rouge qui apparaît dans les usures et les zones traitées en réserve.

La composition a été au préalable défini par un dessin préparatoire que nous pouvons apprécier sur la réflectographie infrarouge. Celui-ci apparaît sous la forme de minces traits discontinus vraisemblablement réalisés à sec, présents sur les principaux contours de la composition. Des repentirs sont observables et ont été réalisés au moment de la mise en peinture : sur Le Mois de Mars, la jambe du personnage allégorique a été déplacée ainsi qu’un élément (nuage ou mouton ?) à sa droite ; sur Le Mois de Septembre, le pied gauche du personnage a été ajusté, le bout de son aile droite agrandie, et quelques plis du drapé ont été légèrement ajustés.

La couche picturale est exécutée en demi-pâte, sans glacis, avec des modulations de couleur dans le frais. Certaines zones sont légèrement laissées en réserve, tandis que des empâtements en relief avec des coups de pinceau visibles sont présents en nombre, comme nous pouvons le voir en lumière rasante. Dans certaines zones on remarque même des empâtements sous-jacents à la peinture de surface, qui ne correspondent donc pas à la composition finale.

La couche picturale présentait des altérations d’ordre mécanique : différents types de craquelures ; quelques micro-lacunes et usures de la couche picturale ; l’oxydation du vernis visiblement synthétique (fluorescence bleuâtre sous UV) ; des repeints désaccordés.

Un dépoussiérage de la face et du revers a été effectué. Un décrassage préalable à l’opération de nettoyage a permis de retirer les particules de crasse agglutinées en surface de l’œuvre. Les tests de nettoyages ont permis d’émettre un protocole pour le retrait du vernis de restauration, des repeints discordants et des résidus de résine oxydés. Le nettoyage a ensuite été étendu à l’ensemble de la composition. Il a permis d’observer un vieillissement différent des zones peintes des agrandissements par rapport à la matière originale.

Les toiles ont ensuite été déposées de leur châssis. Les déformations des toiles au niveau des angles ont été reprises, suivi de la mise en pression de toute la surface du tableau sur une table à basse pression. Des bandes de tension ont été posées en périphérie des œuvres pour la future mise en extension de la toile. La remise en tension des toiles sur leur châssis d’origine a été réalisée à l’aide de pinces à tendre avec des semences en zinc. Les clés manquantes ont été restituées à l’identique.

Avant le traitement des lacunes, une première couche de vernis intermédiaire a été appliquée sur l’ensemble des tableaux, visant à isoler la matière originale. Les lacunes de couche picturale ont été comblées puis texturées à l’aide d’un mastic pour rétablir la continuité du relief de la couche picturale. Le choix d’une réintégration de type illusionniste a été adopté. Les zones lacunaires ont été restituées au ton avec des glacis. Le repiquage très précis des usures et des abrasions ont permis de redonner son unité aux compositions.

Une protection finale a ensuite été appliquée par vaporisation.


Durée des travaux : 5 mois
Montant du marché : 19 250 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Château de Versailles
MaÎtrise d’œuvre : Béatrice Sarrazin