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Musée du Grand Siècle

Giovanni Francesco ROMANELLI - L’Allégorie de la Justice

1646, Huile sur toile, 196,5 x 181 cm


Cette œuvre représentant une allégorie de La Justice a été commandée avec son pendant La Prudence par le cardinal Mazarin à Giovanni Francesco Romanelli. Elle décorait le plafond de sa chambre dans l’Hôtel Tubeuf que le cardinal d’abord loue et puis achète en 1649. Les deux œuvres ont été déposées par le musée du Louvre au ministère de la Justice en 1829 et seront ensuite vendu par l’État avant 1832. La Justice a été récemment achetée par le musée du Grand Siècle qui a entrepris sa restauration.

Le support d’origine était une toile de forme circulaire légèrement ellipsoïdale ; nous n’avons pas d’information concernant la transformation du format en octogone qui a sacrifié les bords latéraux de l’ellipse.

La couche picturale est nature lipidique, appliquée en demi-pâte, révélant une épaisseur régulière de la matière. Les carnations sont peintes par des fondus subtils et par glacis successifs, également employés pour créer des effets de transparence dans les vêtements et dans les jeux d’ombre.

Un vernis de restauration était présent sur la surface de l’œuvre. Son aspect très brillant et peu fluorescent sous UV évoque une résine synthétique. Des repeints désaccordés avec leur environnement chromatique étaient visibles en lumière directe, certains exécutés à même la toile. Des repeints plus anciens, apparaissant bruns sous UV, étaient également présents sous le vernis de surface, localisés le long des craquelures et ponctuellement sur des accidents.

La restauration a été motivée par un degré d’usure important et des épidermages, visibles dans le ciel et sur la robe blanche (notamment sur la poitrine). Cette altération a pu être engendrée par un nettoyage brutal et à l’apport certainement répété de solvants et de matériaux abrasifs. Les abrasions sont aussi visibles sur les réseaux de craquelures, dans le drapé inférieur, laissant apercevoir la double préparation rouge et grise. Des usures sont notables ponctuellement comme dans le visage. La restauration a également été motivée par des lacunes, notamment une série de lacunes le long de la traverse verticale (de l’épaule gauche à la hanche), le long des coutures et des plis diagonaux, ainsi que des lacunes provoquées par le frottement du cadre sur les bords.

Des tests de nettoyage ont été réalisés dans différentes zones. Parallèlement à l’amincissement et dans les mêmes zones de surface, des tests de dégagement des repeints ont été effectués, notamment à l’aide de gels. L’objectif de ces tests était de vérifier la solubilité des réintégrations anciennes et la faisabilité d’un allègement satisfaisant et régulier, y compris dans les zones de repeints.

Une fois le mélange de solvants défini, les tests ont pu être agrandis de façon progressive pour s’étendre à la totalité du tableau. Cette étape a permis d’apprécier plus précisément l’état de la couche picturale, l’ampleur des repeints et la possibilité de les dégager. Une action a ensuite été menée sur les repeints, qui n’étaient pas sensibles aux solvants du vernis ; dans les empâtements, le travail a été achevé mécaniquement.

La réintégration a eu pour but de restituer à l’œuvre toute sa lisibilité, tout en laissant sensible le passage du temps. Une réintégration illusionniste a été retenue. Les lacunes ont tout d’abord été remises à niveau à l’aide de mastics. Afin que la réintégration soit la plus parfaite possible, ces mastics ont été sculptés en imitant la structure originale avoisinante. Les lacunes franches ont été réintégrées et les usures ont été atténuées en limitant la restauration à l’accident exact. Les écoinçons ont été réintégrés progressivement jusqu’à rétablir de façon légère une lecture unifiée de la composition.


Durée des travaux : en cours 
Montant du marché : 12 300 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée du Grand Siècle
MaÎtrise d’œuvre : Bertrand de Sainte Marie, conservateur en chef du patrimoine