L’œuvre représente la Vierge et l’Enfant Jésus sur ses genoux, avec Sainte Élisabeth présentant à Jésus un passage de la Vulgate (Isaïe, chapitre 11). Autour des personnages sont disposés divers aliments dans des plats, un panier de lapins, un broc et une bassine emplis d’eau. À l’arrière-plan se trouve saint Jean-Baptiste au désert, éléments permettant d’identifier sainte Élisabeth. On y retrouve la figure d’Isaïe recevant la prophétie d’un ange.

Le support original de l’œuvre n’est pas directement visible car celle-ci est rentoilée.

La couche colorée, réalisée à la peinture à l’huile, a été appliquée sur une préparation intermédiaire de couleur blanche composée de colle animale et d’une charge minérale, ce qui correspond aux usages de l’époque. Il est possible que la préparation ait été recouverte d’une impression colorée à l’huile.

La scène est peinte en demi-pâte et en glacis superposés pour réaliser les transitions colorées et les ombres. Les détails et les volumes sont créés avec des superpositions épaisses de matière. La surface est ponctuée de rehauts épais pour suggérer les détails clairs et les lumières.

Un nettoyage ancien a laissé derrière lui des résidus de résine oxydée ou d’encrassement dans les aspérités de la trame de la toile, qui étaient particulièrement gênants dans les plages claires. La surface était de manière générale très encrassée.

Le vernis de surface possède une fluorescence verdâtre, ce qui signale une résine plutôt naturelle. Il s’agit d’un vernis de restauration oxydé, son apparence est jaunie. Son application est très hétérogène : il semble avoir été nettoyé de manière sélective, ou s’être déplaqué à cause de frottements. Cette altération du vernis gêne beaucoup la lecture de l’œuvre.

La lecture de l’œuvre était entravée par l’abondance de matériaux non-originaux et leur mauvais état de conservation. Ceux-ci ont fait l’objet d’un nettoyage complexe qui a permis de purifier, d’alléger considérablement la surface et de retrouver les riches couleurs originales du tableau. Les lacunes ont été mastiquées et l’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en retouchant les zones préalablement mastiquées à l’aide d’une réintégration illusionniste.

La restauration de ce tableau a permis d’améliorer considérablement l’état esthétique de l’œuvre, altérée par le vieillissement de son vernis et les précédentes interventions de restauration, et de garantir sa bonne conservation dans le temps.

Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 8 722 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée Condé – Château de Chantilly
MaÎtrise d’œuvre : Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine et directeur du musée Condé