Cette œuvre, réalisée par Pierre Paul Rubens, représente Hercules combattant Antaeus pendant son trajet vers le jardin des Hespérides, comme décrit dans son 11e travail. Hercule s’était rendu au jardin des Hespérides pour chercher des pommes d’or. Sur le chemin du retour, il croise le géant Antaeus qui le défie à un combat de lutte. Hercule, se rendant compte qu’il ne pouvait battre le géant en le jetant ou en le clouant au sol, décida de le tenir en l’air et de l’étouffer à mort. Ce sujet était particulièrement apprécié durant la Renaissance.
Le support original est une toile fine en armure toile, probablement en lin. Il a au moins subi trois interventions de restauration (rentoilage sur support, reprise d’une déchirure, installation de bandes de tension). Son état de conservation était correct : il ne présentait aucune altération et les opérations de restauration précédentes étaient stables.
Une réflectographie infrarouge a été réalisée et a permis d’observer un dessin utilisant une technique liquide : en effet, un tracé au pinceau aurait été utilisé par l’artiste pour préciser la mise en place de la composition. Ces observations semblent tout à fait correspondre à la technique habituelle de l’artiste : Rubens avait l’habitude d’ébaucher ses compositions directement au pinceau. Les plages de couleurs étaient mises en place au fur et à mesure et reprécisées par des tracés de contours au pinceau. Dans le cas de cette œuvre, les premiers tracés pourraient ne pas être visibles, s’ils ont été exécutés avec une terre ou si les couches superficielles de peinture ont empêché la pénétration vers les couches inférieures. Par ailleurs, les différentes couches non-originales qui recouvrent la surface peuvent empêcher la bonne lisibilité du cliché.
Rubens semble utiliser aléatoirement des brosses relativement larges sur les fonds ou le paysage, mais également des pinceaux légèrement plus fins pour les personnages et les détails.
La couche picturale était dans un état de conservation stable mais en mauvais état de présentation. Les craquelures traversant la peinture sont liées au vieillissement naturel du film et ne présentaient pas de pertes d’adhésion sur le support. D’épaisses couches de vernis très oxydées présentaient une forte tonalité jaunâtre. Le vernis, très épais, et les nombreux repeints altéraient la lecture correcte de l’image.
Avant toute intervention, des tests de décrassage ont été réalisés afin d’éliminer les particules de poussière ou de crasse en superficie. Des tests de nettoyage ont été réalisés : ils ont permis de définir le protocole d’intervention, le niveau de nettoyage envisagé et l’identification des matériaux de restauration. Le nettoyage a consisté à dégager les vernis et les repeints non originaux présents en surface. Il a ensuite été possible d’apprécier la couche picturale originale qui présentait une palette de couleurs beaucoup plus froide et claire ; de même, la technique picturale et la matière originale est plus appréciable.
Les lacunes ont, pour leur part, été mastiquées. Pour une intégration optimale des lacunes, les mastics ont fait l’objet d’une imitation de la morphologie de la couche colorée afin de ne pas créer de distinction visuelle trop importante.
Suite à cette opération et préalablement à la réintégration, une couche intermédiaire de vernis à base de résine Dammar a été appliquée afin d’accueillir la retouche.
La réintégration illusionniste a semblé être le protocole le plus adapté au rétablissement de la lisibilité au niveau des lacunes. Concernant les usures, un repiquage très précis en glacis a été réalisé à l’aide d’une gamme de couleurs spécifique à la restauration. Cette intervention a permis de recréer le lien entre les parties présentant un degré d’usure différent ou d’aspect différent. Le résultat se rapproche visuellement de l’effet d’abrasion naturel.
Enfin, une protection finale a été appliquée par pulvérisation sur la surface afin de réaliser une finition satinée, cohérente avec l’époque, l’artiste et l’état de conservation de la peinture.
La restauration a notamment permis d’étudier et d’analyser la technique d’exécution de l’œuvre.
Durée des travaux : 12 mois
Montant du marché : 18 350€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Collection privée
MaÎtrise d’œuvre : Collection privée