Traductions en cours

Musée Condé - Château de Chantilly

François CLOUET - Elisabeth d’Autriche, reine de France

XVIe siècle, Huile sur panneau de chêne, 36 x 25,4 x 1,1 cm


Cette œuvre est peinte sur un panneau de chêne et la peinture est effectuée à l’huile sur une préparation claire.

La couche picturale se caractérise par une matière fine et satinée, au modelé estompé. De légers empâtements sont utilisés pour amplifier les reflets des bijoux ou préciser les détails de la broderie et de la dentelle. Les effets de matière sont très réalistes et d’une grande finesse. Leur vraisemblance réside dans l’utilisation pertinente du médium à l’huile avec toute la gamme d’effets qu’il peut offrir : travail en transparence ou en opacité, superposition des couleurs en glacis, fondu des tons. L’emploi de toutes ces techniques témoigne de la virtuosité de l’artiste et de sa connaissance de la matière.

La palette se compose principalement de blanc de plomb, de noir, d’ocres et terres ainsi qu’un rouge vermillon pour les carnations, les lèvres et les pierres rouges, et probablement du jaune de plomb et d’étain pour l’imitation de l’or.

Sous lumière ultraviolette, le vernis de surface possédait une fluorescence verdâtre, ce qui signalait une résine naturelle ; il s’agissait d’un vernis de restauration. Ce vernis était très oxydé et son apparence était jaune. Il occultait la chromie originale, affectant en particulier les plages claires comme les carnations. Son application irrégulière intensifiait l’impression d’hétérogénéité de la surface. Des repeints ponctuels modernes étaient également visibles sous UV ; ils apparaissent noirs. Ils sont placés sur le visage et dans le coin supérieur sénestre, au-dessus du vernis de surface.

Enfin, l’œuvre était très empoussiérée et encrassée.

La lecture de l’œuvre était donc entravée par le mauvais état de conservation, et notamment son vernis de restauration qui était très altéré.

Dans un premier temps, un refixage localisé des quelques écailles mobiles a été effectué. Un décrassage a permis d’enlever les particules de crasse adhérentes à la surface de l’œuvre et d’avoir un meilleur accès au vernis et aux repeints. Des tests de nettoyage ont été réalisés afin de juger de la solubilité des vernis et du rendu esthétique recherché. Ils ont permis de sélectionner la polarité du mélange de solvant la plus adéquat, offrant contrôle de l’action et efficacité sur le substrat visé. Une fois le protocole établi, les tests ont été agrandis à l’ensemble de la composition. Le nettoyage a révélé la finesse d’exécution du tableau et la tonalité froide de ses couleurs. Après avoir mastiqué les micro-lacunes, la réintégration a pu être apposée. L’intégrité visuelle de l’œuvre a été restituée en réintégrant de façon illusionniste. Les lacunes et usures ont été restituées au ton avec des repiquages très précis en glacis proche de la tonalité locale.


Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 2 100€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Institut de France Domaine de Chantilly – Fondation d’Aumale
MaÎtrise d’œuvre : Mathieu Deldicque