Traductions en cours

Musée de la Renaissance - Ecouen

Giovanni Pietro Rizzoli dit GIAMPIETRINO - Ecce homo

XVIe siècle, Huile sur bois , 65 x 50,6 cm


Giovanni Pietro Rizzoli dit Giampietrino s’inscrit dans l’école lombarde de la Renaissance. Actif entre 1508 et 1549 à Milan il a été élève de Léonard de Vinci, il contribuera d’ailleurs à la diffusion des œuvres de ce dernier en répliquant et adaptant certaines de ses compositions.

Le sujet Ecce Homo, tel qu’il est représenté sur l’œuvre appartenant au musée de la Renaissance d’Ecouen, a été largement répliqué dans l’entourage de Léonard avec un grand nombre de variantes et rajouts dans la composition. Pendant son étude le C2RMF a mis en évidence un personnage caché derrière le Christ sur la partie droite du tableau.

L’enjeu de la restauration sera, outre le fait d’assurer la conservation du panneau, de comprendre quel était le statut de ce personnage dans la composition finale de l’œuvre et de libérer la couche picturale des très nombreux repeints et vernis altérés pour révéler la matière raffinée de Giampietrino. La mise en relation avec d’autres versions et répliques du même sujet, pourrait également apporter des éléments de compréhension du fonctionnement de l’atelier de Léonard de Vinci.

Le support est enduit d’une couche relativement épaisse de préparation, étape qui permettrait d’obtenir une surface parfaitement lisse et blanche, prête à recevoir la peinture.

Sur la réflectographie infrarouge le dessin est visible seulement sur certaines parties. Son trait régulier et mécanique associé à l’absence de repentir, suggère l’emploi d’un carton. L’existence d’autres versions de cette composition de la même dimension que l’œuvre en objet, parfois avec des variantes dans la composition, conforte l’hypothèse d’un carton utilisé plusieurs fois par le même artiste ou d’autres peintres de son entourage ; pratique courante dans les ateliers de la Renaissance.

L’étude de la radiographie et une campagne d’analyses par spectrométrie de fluorescence X conduit par le C2RMF, ont permis de découvrir sous la partie en haut à droite au-dessous de l’important repeint, la présence d’un personnage portant un chapeau à rebord ou un casque.

La surface de l’œuvre est recouverte d’une épaisse couche de vernis jauni et oxydé très fluorescente sous UV ce qui suggère une résine naturelle. Il apparait assez uniforme et cache les repeints anciens qui, par contre sont très visibles en lumière directe et sur la réflectographie infrarouge. Nous pouvons remarquer des repeints plus récents appartenant à deux campagnes de restauration distinctes, chacune caractérisée par une couleur différente sous UV : noirs, les repeints plus récents exécutés sur la couche de vernis, et bruns les repeints plus datés exécutés avant l’application du vernis.

Des craquelures prématurées sont visibles dans le manteau rouge du Christ. De nombreuses traces de doigts et de la partie extérieure de la paume de la main sont visibles sur la peinture. La couche picturale présente également de nombreux soulèvements correspondant aux galeries d’insectes xylophages et des fendillements qui suivent la fibre verticale du bois. De nombreuses zones d’usures sont visibles à travers le vernis surtout dans les ombres de la carnation du Christ, sa barbe et sa chevelure.

Les accumulations de matériaux non originaux sur la surface du panneau se traduisent par une perte des qualités esthétiques, et empêchent un refixage efficace de la couche picturale.

Il parait donc souhaitable de libérer le plus possible la surface des interventions précédentes, désormais altérées et désaccordées chromatiquement. Cela ne pourra néanmoins se faire que de façon progressive, et en s’interrogeant sur le bien-fondé de chaque opération. En particulier le dégagement du repeint en haut à droite couvrant un personnage, qui doit faire l’objet d’une démarche prudente et d’une réflexion commune avec les responsables de l’œuvre.


Durée des travaux :
Montant du marché : 6 000 € HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée national de la Renaissance – Château d’Ecouen
MaÎtrise d’œuvre : Matteo Gianeselli, conservateur du patrimoine