L’œuvre décrit une scène d’histoire légendaire et sert de prétexte à la description théâtrale d’une rue imaginaire. Au centre du tableau, construit selon un axe de symétrie rigoureux, apparaît la silhouette de deux hommes sur l’arcade : Bélisaire (le personnage en noir appuyé sur la balustrade) reconnu par l’un de ses soldats. Bélisaire, personnage historique du VIe siècle, sert l’empereur byzantin Justinien Ier. L’officier est sanctionné par son souverain jaloux de ses victoires militaires et de sa popularité qui lui crève les yeux.
Cette peinture est réalisée avec une technique à l’huile sur un support toile. Elle a fait l’objet d’un rentoilage lors d’une intervention précédente. Le support est en bon état de conservation.
Une préparation rougeâtre, probablement d’origine argileuse, est visible à travers les craquelures de la couche colorée ainsi que dans les parties travaillées en réserve (notamment au niveau des façades à sénestre du tableau).
Des incisions sont visibles dans la partie centrale du tableau. Elles ont été réalisées pour la mise en place de la perspective. Ces incisions semblent avoir été réalisées à l’aide d’une pointe arrondie, probablement d’un pinceau, et d’une règle, avant que la préparation ne soit complètement sèche.
La couche picturale est parcourue par un réseau de craquelures mécaniques. Elles sont multidirectionnelles et inévitables car il s’agit du processus naturel de vieillissement de la matière sur un support toile.
La couche picturale présentait un état de conservation plutôt optimale. L’adhésion entre la couche picturale et le support semblait stable.
En ce qui concerne l’état esthétique, l’œuvre était dans un mauvais état de conservation. L’examen sous lumière ultraviolette a permis de déterminer au moins deux campagnes de réintégration. Ces nombreux repeints épais, désormais sombres et chromatiquement désaccordés, ont été exécutés sur des mastics et parfois directement sur les lacunes non mastiquées. Ils sont largement débordants sur la couche originale. Les craquelures au niveau du ciel ont également été retouchées. Ces retouches conféraient à l’œuvre un aspect lourd et augmentaient l’aspect chaotique de l’œuvre.
Une couche de vernis épaisse, hétérogène et très altérée, probablement d’origine naturelle, recouvrait l’ensemble de la surface. Elle présentait un aspect très jaunâtre/brunâtre et sombre en raison de l’oxydation naturelle du film résineux.
L’intervention de décrassage a eu pour objectif d’éliminer la couche de crasse en surface et d’avoir un meilleur accès au vernis et aux repeints, une consolidation de plusieurs écailles fragiles ponctuelles a été effectuée et des tests de nettoyages ont permis de juger de la solubilité des vernis et du rendu esthétique recherché avant la phase de nettoyage globale de l’oeuvre. Avant le traitement des lacunes, une première couche de vernis intermédiaire a été appliquée sur l’ensemble du tableau. Les lacunes de couche picturale ont été comblées à l’aide d’un mastique, avant de pouvoir commencer la phase de réintégration. La réintégration colorée illusionniste des lacunes, préalablement comblées, a permis de rétablir la lisibilité générale. L’ensemble des petites lacunes et des usures a été repiqué afin de rétablir la continuité de l’image. Une protection finale a ensuite été appliquée par pulvérisation, ce dernier vernissage a eu pour but d’homogénéiser l’ensemble et de protéger la couche colorée.
Durée des travaux : 4 mois
Montant du marché : 4 450€ HT
MaÎtrise d’ouvrage : Musée des Beaux-Arts d’Orléans
MaÎtrise d’œuvre : Olivia Voisin